Les espèces ciblées par le LIFE CROAA
Le programme LIFE CROAA met tout particulièrement l’accent sur le contrôle des deux EEE :
la Grenouille taureau (Lithobates catesbeianus) et le Xénope lisse (Xenopus laevis).
La Grenouille taureau
La Grenouille taureau est un Anoure de taille pouvant être imposante (plus de 25 cm et près d’un kilogramme). Ayant une allure typique de grenouille, mais sans replis dorso-latéraux, elle présente un tympan très grand (surtout chez le mâle). Son chant, sorte de meuglement sourd, lui a valu son nom. Sa ponte peut être très importante, avec plus de 20 000 œufs, et les larves mettent souvent au moins un an avant de se métamorphoser. Elle fréquente toutes sortes de plans d’eau, plutôt chauds et souvent peu naturels et permanents. Originaire d’Amérique du nord, on la trouve aujourd’hui introduite dans plus de 40 pays. Son introduction a souvent été volontaire, pour sa consommation, le loisir ou la lutte contre des insectes ravageurs, mais aussi accidentelle, à la suite d’évasions de fermes d’élevage.
Son impact sur la faune autochtone est certain, car c’est un prédateur et compétiteur assez fort, qui peut participer au déclin d’Amphibiens et de poissons locaux. Elle est porteuse saine du Chytride, Batrachochytrium dendrobatidis, champignon pathogène chez les Amphibiens.
Le Xénope lisse
Le Xénope lisse est un anoure de la famille des Pipidae, famille d’Amphibiens sans langue et à la vie très aquatique. Les Xénopes sont pourvus de griffes et vivent nativement en Afrique subsaharienne dans toutes sortes de plans d’eau (rivières à cours lent, mares, étangs, marais, flaques d’eau, bassins, réservoirs, fossés etc.). Le Xénope lisse mesure jusqu’à 13 cm pour les femelles qui sont plus grandes que les mâles. Il a une morphologie globalement très différente des espèces européennes : son corps est assez plat, sa tête petite sans tympans, sa peau lisse et assez glissante lorsqu’on le saisit. Ses têtards ont deux barbillons remarquables à côté de la bouche.
Il a été introduit dans de nombreux pays : États-Unis (11 états), Chili, Japon, Pays-Bas, Sicile… Il faut savoir que le Xénope lisse a été utilisé à partir des années 1940 autour du monde comme test de grossesse, après la découverte que l’injection d’urine de femme enceinte déclenchait la ponte des femelles. Ce test, très pratique, associé à un élevage techniquement assez simple et productif, a participé à la présence du Xénope lisse dans de nombreux pays et localement son introduction, volontaire ou accidentelle, dans le milieu naturel. De plus, l’espèce a été également vendue comme animal de loisir et est aujourd’hui l’espèce de vertébré la plus largement utilisée pour la recherche scientifique concernant la biologie cellulaire, la biologie moléculaire ou du développement. C’est donc une espèce très utile pour la recherche de laboratoire.
En revanche, les populations introduites se montrent bien souvent très dynamiques et invasives, et représentent une menace avérée pour plusieurs espèces de la faune autochtone. En Sicile par exemple, sa présence impacte directement les densités et la reproduction de certains Amphibiens autochtones (Lillo et al., 2010). Il est également porteur sain du Chytride, Batrachochytrium dendrobatidis, champignon pathogène chez les Amphibiens.